Une conférence sur la Loi Asile et Immigration

Nous avons assisté, le lundi 18 décembre dernier, à une conférence qui s’est déroulée au sein des Amarres, où nous avons nos bureaux, à l’occasion de la Journée Mondiale des Migrants. En voici un rapide résumé pour vous permettre de prendre connaissance de certains des échanges qui s’y sont tenus au moment où la Commission mixte paritaire reprenait l’étude du projet de Loi Immigration avant son adoption finale.

Intitulée « Quels risques fait peser le projet de Loi Immigration sur les Étrangers ? »,  cette conférence organisée par l’association Aurore avait pour intervenants : Pierre Coppey, président de l’association Aurore, Jacques Toubon, ancien Défenseur des droits et ancien ministre, Alfred Spira, Membre de l’Académie nationale de médecine et François Hollande, Président de la Fondation « La France s’engage » et ancien Président de la République Française, qui a conclu la conférence en apportant une perspective politique et une réflexion approfondie sur les enjeux liés au projet de loi immigration et aux migrants en France.

La parole circulait librement entre les intervenants, chacun pouvant apporter sa propre perspective à la discussion. Au milieu de cet échange dynamique, certains éléments ont retenu notre attention. 

Accueil inconditionnel et critique humaniste

Pierre Coppey a insisté sur la nécessité de maintenir un accueil inconditionnel, soulignant que c’est la norme dans un pays qui considère inacceptable de laisser les gens dormir dehors. L’importance de ne pas trier les personnes en fonction de leurs papiers pour leur offrir un abri ou un refuge a été mise en avant. M. Coppey a également exprimé son malaise face à la remise en cause des bases des lois de protection publique, ainsi que des principes humanistes et de fraternité. Il a critiqué une politique migratoire fondée sur le rejet et le découragement, soulignant que déshumaniser les migrants ne devrait jamais être l’objectif d’une telle politique. Les migrants ne sont pas des caricatures politiques, mais des êtres humains dans le besoin.

Préservation de la Santé pour Tous

Alfred Spira a souligné que les migrants apportent souvent une contribution précieuse à la société. Il a exprimé son opposition à la destruction de la santé des personnes migrantes et à son utilisation comme critère de filtrage, faisant référence à certains pays qui n’acceptent que les personnes en bonne santé.

M. Spira a conclu en contestant l’argument selon lequel l’Aide Médicale d’État (AME) mettrait en danger la vie des Français qui en ont besoin. Il a insisté sur le fait que c’est le déficit de santé et la propagation des maladies qui pourraient véritablement constituer une menace pour la vie des citoyens français. Ainsi, il a souligné la nécessité d’une assistance médicale pour l’ensemble de la population, mettant en avant l’idée que la santé pour tous contribue à la protection générale.

Paradoxe de valeur

Jacques Toubon a souligné l’évolution impitoyable du débat sur la migration au fil du temps. Il a notamment critiqué le texte voté au Sénat (très proche au final du texte final adopté suite à la Commission Mixte Paritaire (CMP) le 18 janvier), notant que les parties autrefois favorables aux personnes migrantes ont été retirées ou affaiblies rendant le texte encore moins efficace, voire pervers et restrictif.

M. Toubon a expliqué la situation  de certaines personnes, désireuses de protéger les migrants, mais ayant tout de même voté en faveur de cette loi. Il a également souligné l’absence de disposition légale permettant réellement l’expulsion des migrants, tout en les maintenant dans le pays sans régularisation.  Enfin, il a souhaité insister sur le rôle non politique des associations selon lui. Leur objectif étant  surtout de créer des scandales pour sauver des vies en danger en mettant ainsi en avant l’engagement humanitaire au-delà des considérations politiques.

En conclusion, les interventions de MM. Coppey, Spira, et Toubon ont visé à souligner l’importance de ne pas perdre de vue l’humanité et la dignité des personnes en situation de précarité face à des lois potentiellement injustes. Alfred Spira a mis en avant la faible charge financière des dépenses médicales des personnes migrantes, tandis que Jacques Toubon a insisté sur l’histoire riche de la migration en France, soulignant son impact positif dans divers domaines. Ces perspectives convergent vers l’idée que la compréhension et l’acceptation de la diversité migratoire sont fondamentales pour une société inclusive et respectueuse de son histoire.

Dans ses dernières remarques, François Hollande a mis en garde contre la compromission de principes politiques fondamentaux et a souligné le déficit de règles européennes pour adresser les défis migratoires. Il a conclu en rappelant que l’accès à l’aide médicale n’est pas un facteur dissuasif pour les migrants, soulevant une question essentielle : une législation plus stricte a-t-elle jamais véritablement diminué les flux migratoires ?

Retrouvez l’intégralité de cette conférence sur la chaîne Youtube de l’association Aurore.