Depuis des décennies, le Soudan est marqué par une instabilité politique et des affrontements violents qui ont constamment détérioré la situation humanitaire du pays. L’un des premiers événements majeurs reste le conflit du Darfour, qui éclate en 2003. Les combats entre les forces gouvernementales soudanaises, accompagnées de leurs milices alliées, et les groupes rebelles ont entraîné le décès de plus de 300 000 individus et l’exode de près de deux millions de personnes. Ce fut le début d’une série de violences et de déplacements de populations dont le pays peine encore à se relever.
Après vingt ans de troubles et de fragilité institutionnelle, le Soudan replonge dans le chaos. Le 15 avril 2023, de violents affrontements éclatent entre deux partis issus du coup d’État militaire d’octobre 2021 : d’un côté, les Forces armées soudanaises (SAF), dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan ; de l’autre, les Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohammed Hamdan Dagalo, plus connu sous le surnom de « Hemetti ». Cette rivalité n’est pas seulement une bataille pour le pouvoir, elle a transformé la vie quotidienne de millions de Soudanais en une lutte pour la survie.
Une crise humanitaire d’une ampleur dévastatrice
La guerre civile actuelle a plongé le Soudan dans une crise humanitaire sans précédent. Les chiffres témoignent de l’ampleur de la tragédie : 30 millions de personnes, soit plus des deux tiers de la population, ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire vitale. D’après le bureau régional d’information des Nations unies pour l’Europe occidentale, au moins 14 700 personnes ont perdu la vie à cause du conflit, même si le nombre réel pourrait être considérablement plus grand, en raison des problèmes d’accès aux régions de conflit.
La violence a provoqué une crise migratoire : plus de 12 millions de Soudanais ont été contraints de fuir leur foyer, parmi lesquels près de 9 millions restent déplacés à l’intérieur du pays tandis que plus de 3 millions ont traversé les frontières, cherchant refuge notamment au Tchad, en Égypte, au Soudan du Sud ou dans d’autres pays voisins. Chaque jour, des milliers de familles fuient les combats, abandonnant tout derrière elles, sans accès suffisant à la nourriture, à l’eau potable ni aux soins de santé.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), nous sommes témoins de la crise de mobilité humaine la plus rapide et la plus importante à l’échelle mondiale actuellement.
Les femmes et les enfants, premières victimes
La situation est particulièrement désastreuse pour les femmes, les enfants et les jeunes filles, qui sont devenus extrêmement vulnérables aux violences sexuelles, aux abus et à l’exploitation. Le démantèlement des structures de protection sociale et sanitaire aggrave leur précarité. Dans de nombreuses régions, des cas de famine sont signalés et les plus fragiles sont les premiers touchés par le manque de nourriture et de soins.
L’effondrement du système de santé rend cette crise encore plus tragique : de nombreux hôpitaux ont été détruits ou sont devenus inaccessibles en raison de l’insécurité, privant des millions d’individus de soins essentiels. Bien que présentes sur le terrain, les organisations humanitaires rencontrent des difficultés pour atteindre les zones touchées par l’insécurité et le manque de financement.
Un appel à la communauté internationale
Face à l’ampleur de cette catastrophe, les Nations Unies ont lancé un appel urgent de 6 milliards de dollars pour répondre aux besoins humanitaires immédiats. Cependant, les fonds récoltés restent très insuffisants par rapport aux besoins. Le manque de financement compromet les opérations de secours et risque d’aggraver encore la situation.
Tom Fletcher, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, n’hésite pas à parler d’une « urgence humanitaire d’une ampleur effroyable ». Pourtant, malgré les alertes répétées, la crise soudanaise bénéficie d’une couverture médiatique insuffisante et est sous-priorisée sur le plan international, éclipsée par d’autres crises mondiales.
Aujourd’hui, le Soudan est au bord de l’effondrement total. Ce pays, déjà marqué par l’histoire de conflits sanglants, traverse l’une des pires crises humanitaires de notre époque. Derrière les chiffres alarmants se cachent des millions de vies brisées, des enfants privés d’avenir et des familles déchirées par la guerre.
Il est impératif que la communauté internationale intensifie son soutien aux opérations humanitaires, trouve des solutions politiques durables et fait pression pour la cessation des hostilités. Le peuple soudanais, qui endure depuis trop longtemps la violence et l’oubli, a besoin d’espoir, de solidarité et d’actions concrètes.
SOURCES :
- Soudan : Un an après, ce qu’il faut savoir sur le conflit. Amnesty International
- L’ONU et la crise au Soudan. Centre régional d’information des Nations Unies pour l’Europe Occidentale
Lien de l’article : https://unric.org/fr/crise-au-soudan-la-reponse-de-lonu/
