Le second mandat de Donald Trump a été marqué dès le début par des mesures restrictives visant à réduire drastiquement l’immigration. Ces politiques s’inscrivent dans un discours alarmiste sur une prétendue « invasion » migratoire et s’accompagnent d’une série de décrets et d’actions ciblant les personnes migrantes.
Rétablissement du Migrant Protection Protocols
Ce programme, aussi appelé “Remain in Mexico” a été mis en place par l’administration de Donald Trump en 2019. Il oblige les demandeur.se.s d’asile aux États-Unis à attendre au Mexique pendant que leur demande est examinée par les autorités américaines. Le programme a été très controversé en raison de l’insécurité dans les villes frontalières et le manque d’accès aux conseils juridiques. Selon l’ONG American Immigration Council, à décembre 2020, sur les 42 012 dossiers MPP traités, seules « 521 personnes » avaient obtenu gain de cause devant les autorités compétentes.
Suppression de l’application CBP One
L’administration a supprimé l’application CBP One, un outil créé sous l’administration Biden permettant aux migrants de prendre rendez-vous pour déposer leur demande d’asile. Cette suppression complique davantage l’accès au territoire américain pour les demandeurs d’asile.
Suspension du U.S. Refugee Admissions Program (USRAP)
Il s’agit du programme officiel des États-Unis pour l’admission des réfugiés. Il est géré conjointement par plusieurs agences gouvernementales et des organisations partenaires, sous la supervision du Département d’État américain. Chaque année, le président fixe un plafond d’admission pour les réfugiés. Trump a considérablement réduit le nombre de réfugiés admis, invoquant des préoccupations sécuritaires. En 2024, les admissions ont été suspendues pour une durée indéterminée, avec des milliers de vols de réinstallation annulés.
Détention automatique des migrant.e.s condamné.e.s ou inculpé.e.s
Une loi promulguée le 29 janvier 2025 prévoit la détention automatique des personnes migrantes en situation irrégulière ayant été condamnées ou inculpées pour certains délits, y compris mineurs.Le président Trump a annoncé son intention d’étendre le Centre d’opérations pour migrants (Migrant Operations Center) situé sur la base navale de Guantánamo Bay, à Cuba, afin d’y détenir jusqu’à 30 000 migrant.e.ss en situation irrégulière.. Des critiques ont été émises concernant le coût élevé de la détention massive, estimé à 83 milliards de dollars sur trois ans. De plus, l’utilisation de Guantánamo pour la détention de migrant.e.s a été dénoncée par des organisations de défense des droits humains qui s’inquiètent des conditions de détention et du respect des droits fondamentaux des individus concernés.
L’administration Trump souhaite aller encore plus loin mais se heurte à plusieurs obstacles, budgétaires et juridiques.
Expulsions de masse de personnes sans-papiers
L’administration a annoncé son intention de mener « la plus grande opération d’expulsion » qui concernerait plusieurs millions de sans-papiers. Cependant, cette ambition se heurte à des limites juridiques, notamment le droit au procès équitable pour les personnes vivant aux États-Unis depuis plus de deux ans. De plus, les contraintes budgétaires rendent difficile la mise en œuvre de cette politique.
Suppression du droit du sol
Trump a tenté de mettre fin au droit du sol, empêchant les enfants de migrant.e.s nés sur le territoire américain d’obtenir la citoyenneté. Cependant, un juge fédéral a qualifié ce décret “manifestement inconstitutionnel” et a de ce fait bloqué son entrée en vigueur.
En conclusion, bien que Trump poursuive une politique migratoire extrême, des obstacles légaux et logistiques limitent l’application de ces mesures. La résistance de la société civile et les décisions judiciaires jouent un rôle clé pour contrer les abus et défendre les droits des personnes exilées.
SOURCES
Trump et la lutte contre les migrants : ce qu’il a fait, ce qu’il veut faire… et ce qu’il peut faire
